Le GIEC, « Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat » est une organisation qui crée des rapports sur le climat. Créée en 1988, sa méthode de travail s’appuie sur des publications scientifiques, qu’ils ont préalablement analysés pour donner des recommandations aux gouvernements et aux particuliers.
Comment fonctionne le GIEC ?
Le Giec produit, à intervalles réguliers (5 à 8 ans), des rapports d’évaluation » (Assessment Report) sur l’état des connaissances sur les changements climatiques.
Ils constituent le principal apport scientifique des négociations internationales sur le climat qui se déroulent sous l’égide de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et du Protocole de Kyoto.
Le GIEC est constitué de 3 phases : le premier s’appuie sur des éléments scientifiques pour analyser l’état de la Terre. Le second se concentre sur les thèmes impacts, adaptation et vulnérabilité. Le troisième groupe quant à lui est plus dans l’atténuation.
Le sixième rapport d’évaluation (Assessment Report 6 – AR6), dont la rédaction a débuté en 2017-2018, rassemble les connaissances scientifiques les plus récentes et les plus complètes du système climatique et des changements climatiques.
Il se composera comme par le passé des parties suivantes :
Les bases scientifiques (groupe de travail 1 – août 2021)
Les conséquences, l’adaptation et la vulnérabilité (groupe de travail 2 – février 2022)
L’atténuation des changements climatiques (groupe de travail 3 – mars 2022)
Le rapport de synthèse (septembre 2022)
Que retenir du GIEC 2022 ?
Le 4 avril 2022, les experts du climat de l’ONU qui font partie du GIEC ont publié un nouveau rapport consacré aux solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ces préconisations ont pour objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius comme cela avait été convenu avec l’Accord de Paris en 2015.
Remplacement des énergies fossiles, captage de CO2, réduction de la demande énergétique… Le troisième volet du rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) se penche notamment sur les différentes pistes à suivre afin de limiter au maximum le réchauffement climatique par rapport à l’ère pré-industrielle.
Voici les 5 points à retenir de ce rapport climatique :
On est proche des +1,5°C
Selon le GIEC si l’on veut espérer respecter les objectifs de l’Accord de Paris, il faut agir avant 2030. Tant pour les scénarios qui limitent le réchauffement à +1,5°C ou +2°C, il sera très difficile de les respecter au cours du 21ème siècle si nous ne nous engageons pas sur une réelle trajectoire d’atténuation avant 2030. Le GIEC insiste sur la nécessité, de fermer de manière prématurée une partie des infrastructures de charbon, gaz et pétrole. Les estimations montrent en effet que si nous les exploitons toutes jusqu’à leur fin de vie, nous dépasserons sans nul doute le seuil de 1,5°C.
Ce qui signifie que les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites de près de 50% d’ici 2030 et de 80% d’ici 2040 par rapport à 2019 pour limiter la hausse des températures à 1,5°C, et l’ensemble des gaz à effet de serre sont à prendre en compte.
Les puits de carbone sont déficients
Les puits de carbones sont des systèmes qui absorbent du dioxyde de carbone. On peut par exemple penser aux forêts et aux océans. Mais le problème est que l’émission de CO2 est supérieure aux capacités d’absorption des puits de carbone. Par conséquent, ces réservoirs naturels manquent d’efficacité.
C’est pour cela qu’une grande partie du rapport s’attache aussi à mettre en lumière le rôle clé que peut jouer la gestion des espaces naturels dans la lutte contre le réchauffement climatique. Reforestation, préservation et entretien des puits de carbone, maintien des zones humides, transformation des pratiques agricoles et de la gestion des sols : toutes ces problématiques doivent être au coeur de la transition climatique et peuvent aider à absorber une partie du carbone excédentaire présent dans l’atmosphère.
Les énergies renouvelables sont indispensables
Le GIEC insiste ensuite sur l’importance de transformer nos systèmes énergétiques. Près de 75% des émissions de gaz à effet de serre mondiales sont liées à la production et à la consommation d’énergies (carburants, charbon, gaz, électricité, chaleur…), notamment parce que notre système énergétique est profondément dépendant des énergies fossiles.
Le potentiel d’atténuation dans la prochaine décennie des énergies solaire et éolienne est beaucoup plus fort que celui du nucléaire. De plus les énergies renouvelables représentent un coût financier plus faible puisque les technologies bas carbone (énergies renouvelables, batteries, électrification) ont vu leurs coûts baisser drastiquement : depuis 2010. Les prix des technologies solaires et des batteries ont chuté de près de 85%.
Convertir les mobilités
Les transports représentent le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre en France (31%) et sont responsables d’un quart des émissions mondiales : leur décarbonation est donc un enjeu majeur dans la lutte contre le changement climatique.
Parmi les actions identifiées par le GIEC dans tous les secteurs pour réduire les émissions de gaz à effet de serre en transformant les comportements individuels, celles qui concernent la mobilité sont celles qui présentent le plus grand potentiel de réduction de l’empreinte carbone. Les solutions citées par le rapport sont :
– Donner la priorité à une mobilité sans voiture, en privilégiant la marche et le vélo par exemple ;
– Privilégier les transports en commun ;
– Favoriser les mobilités électriques ;
– Réduire les voyages en avion (surtout les vols longs courriers).
À l’échelle des villes, une réorganisation des zones urbaines permettrait de réduire la consommation de carburant liée au transport urbain d’environ 25 %, notamment grâce à des infrastructures de transport moins dépendantes de la voiture et à un rapprochement entre le domicile et le lieu de vie.
Agir collectivement et activement
Enfin, il y a un message clé à retenir de ce rapport, c’est que la lutte contre le réchauffement climatique est non seulement possible, nécessaire, mais aussi rentable à tous les niveaux. Si la transition va demander un certain nombre d’efforts et de gros investissements, le coût global de la lutte contre le réchauffement climatique sera nettement inférieur au coût des conséquences climatiques que nous aurons à gérer si nous ne faisons rien.
Le rapport montre alors que les investissements financiers déployés à l’international sont largement insuffisants : ils devraient être multipliés par un facteur de 3 à 6, si l’on veut limiter le réchauffement à +2°C, donc encore plus pour atteindre l’objectif de +1,5°C. Il est donc nécessaire d’investir massivement et rapidement pour l’atténuation du changement climatique. Cela représente un défi majeur pour les pays en développement, dont la participation au réchauffement est moindre : le GIEC rapporte que les 10 % des ménages avec les revenus les plus élevés contribuent de 34 % à 45 % aux émissions globales.