Comprendre l’impact de la sécheresse hivernale sur notre été

La sécheresse hivernale se produit lorsque les apports en eau liées aux précipitations sont durablement inférieurs aux normales durant la période hivernale, ce qui ne permet pas aux réserves hydrologiques de se recharger. Les pluies hivernales permettent de réalimenter les sols pour réutiliser l’eau l’été, ce qu’on appelle la «période de recharge »

Une sécheresse exceptionnelle en 2023

La sécheresse hivernale a frappé l’Hexagone. En effet, en janvier la France n’a pas connu de pluie et de neige pendant 30 jours d’affilées. Cette absence exceptionnelle d’eau est un record depuis l’hiver 1959.  Ce déficit d’eau a crée des stocks d’eau réduits pour l’été prochain, ce qui représente un danger dans le cas où cette période s’avèrerait caniculaire. 
Mais cette saison ne relève plus de l’exception, elle ne fait que succéder à de nombreux mois caractérisés par des déficits pluviométriques marqués. En remontant sur une année, le dernier hiver (− 15 %) déjà, puis le printemps (− 40 %), l’été (− 25 %) et l’automne (− 10 %) avaient souffert de précipitations largement inférieures aux moyennes saisonnières. Aucune période de l’année n’est désormais épargnée par la sécheresse.

Comprendre les différentes sécheresses : 

La sécheresse météorologique

La sécheresse météorologique correspond à un déficit prononcé et prolongé de précipitations. Dans la majorité des cas, cela veut dire qu’il ne pleut pas durant une longue période. Cumulée à d’autres facteurs, l’absence de précipitations peut conduire progressivement à la sécheresse agricole

La sécheresse agricole

Illustré par un déficit hydrique superficiel (sur un ou deux mètres de profondeur) ne répondant pas aux besoins en eau de la végétation. Bien qu’en hiver les plantes ne requièrent que peu d’eau, le déficit est particulièrement visible en été où la végétation se réveille et puise rapidement le stock d’eau disponible, asséchant les sols plus qu’ils ne le sont déjà.

La sécheresse hydrologique

La sécheresse hydrologique est le déficit de débit des cours d’eau, des niveaux bas des nappes ou des retenues,sur une période ou une année pendant laquelle les débits sont très inférieurs à la moyenne. Cela est causé par plusieurs paramètres : l’absence de précipitations, l’accès difficile de l’eau en profondeur, le ruissellement de l’eau de pluie (à cause d’un sol imperméable par exemple) au lieu d’être absorbée par le sol ou l’absorption par la végétation avant d’atteindre le sous-sol.

Les conséquences de la sécheresse hivernale

Des faibles rendements agricoles

L’agriculture est l’activité la plus consommatrice en eau (45 % du total) et est donc la plus impactée par la sécheresse hivernale. L’eau est majoritairement employée pour alimenter le bétail et irriguer les cultures.
Cette période de sécheresse, des nappes phréatiques, pourrait nuire aux cultures. En effet, le manque d’eau peut être à l’origine de problèmes de germination et de croissance pouvant causer la mort des végétaux, même les plus résistants, à l’image de la vigne. 

Des risques d’incendies

La sécheresse rend les arbres et la végétation plus secs, ce qui facilite les départs de feux de forêt et de prairie, notamment dans le sud de la France. 
Or, les forêts et les sols sont deux des principaux puits de carbone (avec les océans), c’est-à-dire que tout au long de leur vie, les arbres stockent une partie du carbone rejeté dans l’atmosphère. Cela permet de garantir l’équilibre entre le CO2 issu des activités humaines et la quantité de CO2 présente dans l’atmosphère.

Un déséquilibre de l’écosystème

Les poissons et les animaux dépendant des cours d’eau sont également touchés par la sécheresse. Ne pouvant plus s’abreuver correctement, ils se retrouvent dans l’obligation de migrer vers des territoires moins touchés par la sécheresse. Ce mouvement impacte ainsi l’écosystème général.

Une pénurie et des restrictions sur l’usage de l’eau 

Lors des périodes de grandes sécheresses, l’Etat met en place des mesures de restrictions des usages de l’eau. 
Retrouvez toutes les restrictions mises en place par l’Etat pour palier à la pénurie d’eau juste à gauche.

FOCUS : La Normandie

En surface, on a une région qui est naturellement arrosée, très humide, de bocage et de forêt. Le climat est influencé par le continent avec la Seine, mais aussi par l’océan. Du côté souterrain, on fait partie d’un ensemble calcaire qui est le même qu’avec Paris ou Orléans. Il stocke de l’eau sur plusieurs couches. La nappe phréatique est très influencée par les pluies, il y a peu de surface entre la nappe et la surface. Elles sont donc très réactives. Quand il pleut, elles se rechargent vite. À l’inverse, quand il ne pleut pas, elles sont très vulnérables aux sécheresses et aux pollutions. 
A cause de la sécheresse hivernale en 2022-2023, le département de l’Eure est en vigilance sécheresse depuis le 29 mars 2023. Cette sécheresse ne va faire que s’accroître dans le département, mettant alors en péril les production agricole et l’écosystème du département.

Une sécheresse dû au réchauffement climatique

La tendance d’assèchement des sols est une des répercussions inévitables du dérèglement climatique. Dans une France réchauffée de + 1,7 °C depuis 1900 (ce qui est considérable), les extrêmes chauds, secs et humides sont plus précoces, plus longs et plus intenses. Un phénomène qui ne fera que s’accentuer si nous ne parvenons pas à limiter le réchauffement à + 1,5 °C d’ici 2050. En effet, en période de canicule et de fortes chaleurs, le soleil évapore le peu d’eau stocké dans les sols, venant ainsi aggraver la sécheresse. Donc même si le phénomène de sécheresse hivernal actuel n’est pas scientifiquement relié au dérèglement climatique, le réchauffement planétaire accentue tout de même les sécheresses.

D’autant plus qu’en France,  la présence d’un anticyclone est à l’origine de l’absence des perturbations, ce qui empêche les masses d’air humides d’Atlantique d’arriver sur le pays.

Comment lutter contre la sécheresse hivernale ? 

Adapter l’agriculture aux changements climatiques

– Rationaliser l’irrigation 
– Diversifier la culture 
– S’initier à la permaculture 
– Tendre vers l’agriculture durable

Réduire nos émissions de gaz à effet de serre

Pour éviter la multiplication de ce phénomène, il convient de prendre les devants en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES) – principale cause du réchauffement climatique.

Réalisez le bilan carbone de votre entreprise, afin de cibler les postes les plus polluants et d’élaborer une stratégie de réduction des émissions.

Mettre en place les restrictions de l’Etat avant la pénurie

En mettant en place certaines restrictions tels que l’irrigation après 18h, cela diminue la sécheresse. Il n’est pas obligatoire de se restreindre avec les mesures de crise, mais il est préférable de s’adapter le plus tôt possible à ce modèle. En se restreignant avant la pénurie, on évite la pénurie.